Le Conseil d’administration de l’Université de Sherbrooke (UDS) a adopté la Politique visant à prévenir et à faire cesser le harcèlement et la discrimination et à promouvoir et protéger la liberté universitaire. Il s’agit d’une politique pionnière au Québec et d’un jalon important en vue d’atteindre l’objectif d’une université exempte d’intimidation et de censure.
Protéger la liberté universitaire et lutter, dans le même souffle, contre le harcèlement et la discrimination participent à l’établissement de conditions propices à la persévérance scolaire. En effet, une université où la population étudiante et le corps professoral seraient muselés ou discriminés ne serait-elle pas vouée à la désaffection ou à la résistance de ses membres?
« À l’université, il faut pouvoir discuter et débattre pour envisager toutes les facettes d’une question, repousser les limites des connaissances et développer son esprit critique. En ce sens, aucun mot ne doit être prohibé et aucun dogme ne doit restreindre ou empêcher le droit d’enseigner, celui d’apprendre et celui de communiquer les résultats de la recherche. »
Site web de l’Université de Sherbrooke
Ainsi, l’Université de Sherbrooke se veut un espace de liberté où la pensée et ses différents discours se déploient, s’entrechoquent et se redéfinissent dans un climat de respect et de tolérance.
L’enjeu de la liberté universitaire remonte à la naissance même de ces lieux de savoirs et de recherches. Le débat n’est pas nouveau. Or, des événements révélant des enjeux de pouvoir complexes, survenus dans les dernières années, ont ravivé le débat autour de la liberté universitaire. À ce titre, la Commission scientifique et technique indépendante sur la reconnaissance de la liberté académique dans le milieu universitaire a été mise sur pied plus tôt cette année dans la foulée des recommandations du rapport sur l’université québécoise du futur.
En vigueur depuis le 18 octobre 2021, la Politique visant à prévenir et à faire cesser le harcèlement et la discrimination et à promouvoir et protéger la liberté universitaire précède le rapport de la Commission, dont le dépôt est prévu cet automne.
Seize concepts sont définis dans la Politique, dont celui de la liberté universitaire (Politique, p. 4), emprunté à Universités Canada :
« Liberté d’enseigner et de s’adonner à la recherche au sein du milieu universitaire. Elle est indissociable du mandat de l’Université en matière de recherche de la vérité, de formation des étudiantes et étudiants, de diffusion du savoir et de compréhension de la nature des choses. »
Universités Canada (2011). Déclaration sur la liberté universitaire
Selon la Politique, l’Université de Sherbrooke s’engage à promouvoir une culture de recherche et d’enseignement saine conformément aux sept principes suivants (Politique, p. 6) :
• Respect;
• Civilité;
• Liberté universitaire;
• Prévention;
• Impartialité;
• Conciliation et médiation;
• Intervention.
Les rôles et responsabilités de tous les membres de la population universitaire sont définis dans la Politique. De plus, afin que celle-ci ne demeure pas lettre morte, l’Université propose des activités de sensibilisation et de formation à la communauté universitaire.
La Politique prescrit des mesures d’intervention, voire des sanctions, aux membres de la communauté universitaire qui enfreindraient les règles. Pour autant, elle ne donne pas de directives au corps professoral concernant ce qu’il doit ou ne doit pas enseigner. Selon la vice-rectrice aux études, la Pre Christine Hudon :
« On ne peut pas prévoir tout ce qui est susceptible de heurter les gens, puisque chaque personne porte ses propres blessures, a son histoire qui peut receler certains souvenirs douloureux. Nous ne sommes donc pas en faveur de formuler des avertissements spécifiques sur chaque lecture ou sur chaque sujet abordé en classe. »
Site web de l’UDS
L’initiative de l’Université de Sherbrooke s’appuie sur de nombreuses consultations auprès des syndicats, des associations professionnelles et étudiantes, des secrétaires de facultés, de l’ombudsman des étudiant·es et du conseil de la vie étudiante (ibid.).
En incluant, dans son libellé, la dimension de lutte contre le harcèlement et la discrimination, l’Université de Sherbrooke tente de concilier cette lutte avec celle de la protection de la liberté universitaire. En somme, la Politique visant à prévenir et à faire cesser le harcèlement et la discrimination et à promouvoir et protéger la liberté universitaire de l’Université de Sherbrooke est avisée, et témoigne d’un souci d’équité et de juste milieu.
Sources : Section « Actualités » du site web de l’Université de Sherbrooke
POLITIQUE 2500-015 Politique visant à prévenir et à faire cesser le harcèlement et la discrimination et à promouvoir et protéger la liberté universitaire de l’Université de Sherbrooke en format PDF.
Universités Canada (2011). Déclaration sur la liberté universitaire, Ottawa.
Site web de la Commission scientifique et technique indépendante sur la reconnaissance de la liberté académique dans le milieu universitaire.
Mots-clés: Liberté_universitaire – Mesures_institutionnelles – Persévérance