Dans un article publié en 2010, Ruth Philion et Christine Lebel proposent une réflexion relative à l’utilisation du Profil apprenant. Il s’agit d’une grille qui permet aux stagiaires de poser un regard introspectif sur leur situation d’échec et qui guide les dispositifs d’accompagnement à leur offrir ainsi que les stratégies à mettre en place.
Les auteurs de l’article qui découle de leur participation au congrès international de l’AREF (Actualité de la recherche en éducation et en formation) rappellent d’entrée de jeu que, depuis une quarantaine d’années, nous avons assisté à une démocratisation de l’enseignement universitaire en Occident et que cela ne se fait pas sans heurts. Plusieurs étudiants se retrouvent en effet en situation d’échec et abandonnent leurs études. Plus précisément, soulignent les auteurs, du côté de l’Université du Québec à Trois-Rivières et du programme de formation des enseignants, on constate que près de 10 % des étudiants inscrits échouent un stage en milieu de pratique.
Afin d’inviter les étudiants de ce programme à poser un regard introspectif sur leur situation d’échec, Philion et Lebel ont fait appel au Profil apprenant. Il s’agit d’une grille qui permet d’examiner les manières singulières d’apprendre des étudiants et de constater comment ces dernières peuvent affecter leur performance. C’est cette démarche collaborative qui fait l’objet de l’article.
La recherche de Philion et Lebel s’inscrit dans la perspective de la recherche collaborative. La coconstruction à laquelle les auteurs font appel renvoie au concept de représentation. Ce sont cinq étudiants de l’Université du Québec à Trois-Rivières inscrits au baccalauréat d’éducation préscolaire et d’enseignement primaire qui ont pris part à ce projet de recherche. Ils ont en commun d’avoir échoué un stage et de se montrer intéressés par une démarche de réflexion sur soi et sur les situations problématiques vécues en situation de stage. Chacun d’eux a été rencontré à trois reprises. La première rencontre a lieu avant leur prochain stage. Ils sont alors amenés à compléter le Profile apprenant et à réfléchir sur leurs manières de faire en situation d’apprentissage. Dans une seconde rencontre, toujours avant le stage, les étudiants sont amenés à préciser un plan d’action personnel qu’ils comptent mettre en place pour réussir leur stage. Finalement, une troisième rencontre prend place une fois le stage complété afin de revenir sur les objectifs fixés, en collaboration avec les accompagnatrices.
Pour les auteurs de l’étude, «les étudiants se sont réapproprié le développement de leurs compétences et ont su développer des stratégies en vue de leur réussite». Ainsi, selon elles, on peut croire que cette collaboration négociée s’est avérée profitable. En jumelant les dimensions cognitives, métacognitives et affectives, le Profil apprenant «invite l’étudiant à ouvrir la porte d’entrée qui lui semble la plus judicieuse selon ce qu’il est prêt à négocier avec lui-même tout en demeurant lucide face à sa réalité de stagiaire qui doit acquérir et démontrer des compétences qui seront évaluées».
Philion et Lebel terminent leur article par quelques constats relativement à l’outil employé et à la posture à adopter dans le processus :
Philion, Ruth et Christine Lebel. 2010. « L’approche collaborative en contexte d’accompagnement: l’apport du profil apprenant« , dans Actes du congrès de l’Actualité de la recherche en éducation et en formation (AREF), Université de Genève, sept 2010
Mots-clés: Encadrement des étudiants