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La méthodologie scrum : innovation dans l’enseignement, l’apprentissage et l’évaluation

14 novembre 2017 Universitaire

Une méthodologie d’apprentissage alternative en mode projet, inspirée de la méthodologie scrum qui est largement employée dans les entreprises de secteur des technologies, a été expérimentée avec succès dans un cours de sciences humaines offert par une université espagnole.

L’expérience qui est relatée dans le International Journal of Higher Education (vol.6, no.6, 2017) a été mené à l’Université de Málaga dans le cadre du cours Études anglaises lors de l’année académique 2014-15. Les résultats positifs obtenus font dire aux auteurs de l’étude, Antonio Jurado-Navas et Rosa Munoz-Luna, qu’il s’agit d’une approche d’enseignement et d’apprentissage de haute qualité et qu’elle constitue une solution valable en enseignement supérieur en matière de travail d’équipe.

L’approche scrum

Dans l’approche scrum, les personnes sont amenées à travailler en équipe et se voient assigner des tâches dans le cadre d’un projet à long terme qui est développé de façon incrémentale. Dans cette méthodologie, l’auto-organisation joue un rôle prépondérant. C’est ce qui la distingue des autres façons de travailler en équipe. Chaque individu travaille sur un sujet qui est complètement ouvert (aucune solution n’est prédéterminée). Il doit faire évoluer les choses en se basant sur les opinions et la connaissance de ses équipiers.

Dans la méthodologie scrum, on compte trois rôles :

  • Le propriétaire de processus. Rôle joué par le professeur. Dans le cas présent, puisqu’il est l’expert sur le produit à créer.
  • Le scrum master. Rôle joué par un étudiant. C’est celui qui facilite les discussions au sein de son groupe de travail. Il est responsable d’organiser les rencontres durant chaque sprint de travail. Il établit également les liens avec les autres groupes et le professeur.
  • L’équipe scrum. Elle est formée des autres étudiants du sous-groupe. Celle-ci fait évoluer son objectif vers un produit concret. Les membres de l’équipe sont informés à l’avance des tâches et avancées de leurs coéquipiers.

La méthodologie scrum intègre également, chaque semaine, deux très courtes rencontres de suivi (6-8 minutes) qui se font debout. Elles portent sur l’état d’avancement et la charge de travail des équipiers.

Méthodologie de la recherche

La présente recherche, une étude de cas, a été menée à l’occasion d’un cours de premier cycle intitulé Advanced English Language.

Le cours a débuté par la subdivision d’un projet par les étudiants à la suite de discussions. Le projet en question était décrit de façon très sommaire : « Comment la grammaire générative peut-elle améliorer les traducteurs en ligne ? ». Sept groupes autogérés de 4 à 9 personnes ont ainsi été créés. Chacun d’eux s’est mis à travailler sur son objectif (la création d’un produit concret) et a présenté des résultats au professeur toutes les deux semaines. Cela incluait une description des rencontres de groupes ayant pris place ainsi que des réflexions individuelles sur le déroulement des choses.

Des entretiens individuels ont été conduits par les chercheurs en milieu de projet et à la fin de celui-ci. Une analyse des documents produits par les étudiants a également été faite. Enfin, un questionnaire d’évaluation a été distribué.

Les résultats

Après avoir eu une impression plutôt négative au départ, les étudiants impliqués dans le projet se sont mis à apprécier de plus en plus l’usage de la méthodologie scrum.

Les résultats de l’analyse documentaire ont quant à eux permis d’établir que les principes de base suivant constituent l’approche scrum en enseignement supérieur :

  • Les étudiants agissent de façon libre.
  • Les idées liées au projet sont fragmentées en microprojets (sprints) qui contiennent leurs objectifs à atteindre et leurs tâches à accomplir.
  • Il y a de fréquentes rencontres de suivi pour connaître l’avancement du projet.
  • La liberté qu’ont les étudiants pour mener leur projet est contrebalancée par un calendrier de remise stricte. Les dates de tombées lors des sprints sont nécessaires pour obtenir un plein engagement et pour être efficace.
  • La combinaison des trois facteurs précédents fait en sorte que les étudiantes ressentent un stress positif. Cela est également lié aux interactions, à la résolution de petites tâches et à la soumission de tâche à temps.
  • Un porte-folio avec tous les détails liés au progrès, la division des tâches et qui a fait quoi est produit.

Trois aspects positifs

Au terme de leur recherche, les auteurs soulignent que la méthode proposée présente trois aspects positifs qui en font une solution valable dans le contexte de l’enseignement supérieur :

  1. Elle accentue la capacité d’utiliser la connaissance de manière rigoureuse, critique et créative.
  2. Elle promeut la coexistence de groupes humaines hétérogènes.
  3. Elle développe la capacité de penser, de vivre et d’agir en complète autonomie.

Lors des entretiens qui ont été menés, les étudiants ont déclaré que la méthodologie les encourageait à participer et à changer d’idée, le tout en ayant un sentiment plus profond d’empathie, d’auto-organisation et d’auto-apprentissage.

 

Source(s)

Jurado-Navas, A. et R. Munoz-Luna. 2017. « Scrum Methodology in Higher Education: Innovation in Teaching, Learning and Assessment », in International Journal of Higher Education, vol.6, no.6, pp.1-18.

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