Éric Richard, enseignant de sociologie au Campus-Notre-Dame-de-Foy, s’intéresse à la réalité de la mobilité intraprovinciale en vue de soutenir et de favoriser la persévérance et la réussite des étudiants collégiaux.
Paru dans la revue Pédagogie collégiale (vol. 31, no 2), son article vise à rassembler quelques résultats de ses recherche ainsi que des pistes de réflexion afin de répondre aux besoins des étudiants qui déménagent ou navettent pour leurs études.
Les précédents travaux de Richard ont déjà démontré que la migration a une influence positive sur la réussite scolaire à la première session d’inscription. Les taux de réinscription des étudiants à la troisième session sont également un indicateur utile pour prédire le taux de diplomation.
Des résultats intéressants concernent la réinscription dans le même collège :
En somme, pour les étudiants touchés par l’une ou l’autre des formes de mobilité, les changements de collèges seront plus fréquents au cours de leur cheminement collégial. Dans la moitié des cas, pour les migrants et les navetteurs, ces changements surviennent au profit d’un collège situé plus près de leur région d’origine.
Les données de Richard montrent que les taux de diplomation sont significativement différents selon la situation de mobilité des étudiants :
La migration et le navettage semblent donc avoir un impact sur les taux de persévérance et de réussite des étudiants en situation de mobilité.
L’enseignant-chercheur a rencontré 17 étudiants qui n’ont pas mené à terme leur projet d’études collégiales en situation de migration et qui proviennent de régions variées : Montréal, Laval, Montérégie, Capitale-Nationale, Mauricie, Côte-Nord ainsi que Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine.
L’auteur souligne que ces étudiants n’ont pas tous abandonné les études, puisque 10 d’entre eux, une fois de retour dans leur région, étaient inscrits à une formation professionnelle ou collégiale. Ce qu’ils ont abandonné, en fait, c’est un projet d’études en situation de migration pour 3 grandes raisons :
La question des ressources économiques ne concerne pas seulement le fait d’avoir les moyens financiers nécessaires pour poursuivre des études, elle évoque aussi les exigences financières occasionnées par la migration comme telle : logement, dépenses additionnelles (électricité, assurances), déplacements (billets d’autobus, frais pour l’entretien d’une voiture), endettement plus grand à l’obtention du diplôme.
Pour les répondants ayant mentionné cette cause, l’indécision vocationnelle est toujours expliquée en lien avec d’autres raisons liées à la migration: l’éloignement, le manque de préparation, les déplacements, les difficultés d’adaptation, le lieu de résidence et le sentiment d’isolement.
Seules les préparations organisationnelle et matérielle ont quelque peu reçu l’attention des 17 étudiants rencontrés: trouver un lieu de résidence, planifier le déménagement et le transport, se procurer le matériel nécessaire, etc. La préparation financière est étonnamment occultée de leur propos. Les coûts et les obligations financières sont souvent sous-estimés.
Enfin, la préparation psychologique qui pourrait aider à atténuer certaines difficultés d’adaptation, d’éloignement, de stress et de solitude semble avoir été totalement négligée.
Une tendance se démarque chez les migrants ayant abandonné leur projet d’études : celle d’attendre à la dernière minute pour se préparer à la migration. L’auteur recommande donc :
Sachant que plus de 20% des étudiants se trouvent en situation de mobilité intraprovinciale chaque année, se préoccuper de leurs difficultés et de leurs besoins est une piste importante pour favoriser la persévérance et la réussite au collégial.
Richard, É. (2018). La mobilité intraprovinciale des étudiants, Pédagogique collégiale, vol 31, no 2, p.9-15.
Mots-clés: mobilité intranationale